Saint Martin de Ré.
Décidée à me lever avant le soleil, j’enfourche mon vélo (non je blague ma Fiat) et direction le bout de Saint Martin de Ré.
J’attends sagement mon carnet de notes et mon appareil à la main. Sur le quai, la froideur des pierres se fait sentir. Mon stylo mâchouillé se gèle la tige. L’encre est trop fraiche pour en sortir. Je le réchauffe entre mes mains et arrive enfin à poser quelques mots sur mon carnet.
Les premiers rayons du soleil colorent les pages et m’invitent au voyage.
Le phare, majestueux, se dresse devant son confrère à l’autre bout du quai. Ils sont deux. Se parlent-ils lorsque le visiteur les quitte du regard ? Leur silence m’impressionne.
Les mouettes, quant à elle, jacassent. J’aime les voir voler mais j’ai toujours cette petite appréhension quand elles passent sur ma tête. Si mes doigts sont tachés par l’encre, je n’apprécierais pas que ma tête reçoive le même sort.

Quel beau privilège que de se tenir là, devant ce paysage qui prend vie sous mes yeux à peine réveillés?
J’attends. Un bateau de pêche quitte le port. Le capitaine me salue. Son bateau s’éloigne. Je pense à la chance qu’il a chaque matin. Seul sur l’eau, il contemple le reste du monde !
J’aimerais tant l’accompagner.
Voguer avec lui, voir les vagues agitées s’écraser sur la proue du bateau et lécher le pont, emportant tout sur leur passage. Mais je n’ai pas l’âme d’un matelot. C’est à peine si je supporte la voiture, alors, je n’ose m’imaginer en haute mer. Mon cœur préfère conter ces aventures sur les lignes de mon carnet, bien plus droites et sages que les vagues bretonnes.

Enfin, les premiers rayons du soleil. Je dégaine mon appareil et là, plus rien n’existe. Que c’est beau ! Cerise sur le gâteau, un arc en ciel s’invite au voyage…

Je reprends la route direction le phare des baleines. Ses escaliers m’auront usée. De là-haut, je contemple ce décor tant mérité. Mais, c’est les pieds sur terre que je trouve l’inspiration. Le soleil joue avec moi en se glissant dans l’étroite fenêtre du phare. J’aime ce cache-cache improvisé et éphémère.
Mon séjour à l’Ile de Ré se termine et mes souvenirs ont un goût salé et frais. Mes pas ont laissé leurs empreintes dans le sable mais la marée n’a que faire de mes godasses. Car elle n’aime que les pieds marins !
Néanmoins, elle n’imagine pas un instant que mon carnet de notes lui a volé ce qu’elle a de plus beau. Dans ses pages, il lui rend hommage, il chatouille son cœur de ses mots silencieux et amicaux.

Mon appareil photo et mon carnet sont rangés mais n’ont pas fini de parler.
J’aime capturer ces moments de grâce qui perdent parfois de leur intensité quand le temps fait son effet. Alors, je ressors mes vieux clichés et laisse ma plume raconter à nouveau une histoire.
J’aime ce mariage entre la photographie et l’écriture. J’ai beaucoup de chance de pouvoir m’appuyer sur elles pour laisser vagabonder mon imagination.

À votre tour, je vous invite à regarder ces clichés et à imaginer votre histoire…Bon voyage !